Résister est notre seul choix - Il faut unir nos forces pour défendre notre protection solidaire

Publié le jeudi 10 mai 2007, par Didier Ménard

La victoire de Nicolas Sarkozy anéantit, au moins pour cinq ans, notre espoir de construire une offre de soins pour tous, au sein d’un système de protection sociale solidaire. Sans résistance forte et unie, ce que nous redoutions depuis le rapport Chadelat va continuer à se mettre en place. Le programme du nouveau gouvernement est connu. Avec la création de franchises sur les soins se concrétisera la disparition de l ’Assurance maladie pour tous, puisque à terme seules seront prises en charge par celle-ci les pathologies graves strictement délimitées. L’accès aux soins va également pâtir de la création du secteur optionnel qui met en place un espace de liberté tarifaire accessible à tout professionnel. Le discours sur les abus des uns va s’amplifier pour mieux justifier la mise en place de toutes ces mesures ainsi que les contrôles de l’Assurance maladie. Plus que jamais le malade pauvre sera suspecté de profiter du système. L’idéologie dominante de stigmatisation des étrangers, des bénéficiaires des minima sociaux, des sans papiers, des sans travail, permettra de renforcer l’exclusion des soins.

L’exercice professionnel sera sous la coupe des syndicats libéraux de médecins affiliés à l’UMP. Toutes les tentatives de construire d’autres organisations de l’offre de soin de premier recours seront combattues et l’histoire de la destruction du médecin référent en est l’exemple le plus parlant. Les réseaux de santé seront condamnés à disparaître dès lors qu’ils voudront s’affranchir de la contrainte institutionnelle qui les oblige à se soumettre à un cahier des charges en contradiction avec les valeurs fondatrices du réseau. Les maisons de santé ne seront que des officines de regroupements d’intérêts privés. L’hôpital public va s’effacer derrière l’hospitalisation privée, pour devenir d’un côté des pôles d’excellence de technologie où l’accès sera limité et de l’autre, des hospices pour pauvres. Plus que jamais il ne sera pas bon dans le « Sarkoland » d’être pauvre et malade.

La lutte contre la réforme de l’Assurance maladie de 2004 nous a montré que se mobilisaient d’un côté une partie du mouvement social, parfois divisé, de l’autre une partie des soignants. Cette résistance modérée, de plus menée séparément, n’a pu déboucher sur un rapport de force suffisant. La force ne naîtra pas de l’addition de revendications sectorielles, mais de la convergence de toutes nos luttes non pas pour quémander ici et là l’obtention d’une revendication, mais pour exclure du pouvoir ceux qui depuis cinq ans détruisent la protection sociale et veulent formater nos métiers dans l’idéologie libérale. Pour cela, nous devons aussi faire converger les luttes du mouvement social et les luttes professionnelles pour nous opposer à la casse de la protection sociale et pour bâtir un projet de remplacement tant politique que social. C’est au cœur de nos luttes que doit naître l’alternative où il est possible de faire autrement.

Ce qui nous attend est terrible. La destruction de la protection sociale solidaire, héritage de la résistance au nazisme, aura des conséquences redoutables pour les plus pauvres, mais aussi pour les classes sociales moyennes. Si certains pensent qu’ils pourront sauver leurs droits, ils se trompent. Les droits seront conditionnés aux respects de règles instituant une véritable oppression. Cela fait cinq ans que ce pouvoir s’entraîne sur la population des sans papiers, des chômeurs, des RMIstes, et autres sans droits.

Face à cette nouvelle situation, il n’est plus l’heure de tergiverser, de s’interroger sur les causes de la victoire du camp libéral, il est l’heure de s’unir pour résister et lutter.

C’est dans cet esprit que le SMG participe à l’Observatoire du 6 mai 2007 initié par le journal POLITIS. Cet Observatoire veut être un système d’alerte démocratique qui réagira chaque fois qu’une atteinte aux libertés, qu’une aggravation des inégalités sociales, résulteront de la politique mise en place par le nouveau président. Notre participation à cet Observatoire doit se nourrir des informations que chacun d’entre nous peut avoir. Les soignants, notamment les adhérents du SMG, sont les témoins de toutes ces inégalités, à nous tous de le faire connaître, à nous tous d’alerter l’opinion publique, ce qui est la première forme de résistance.

Didier Ménard

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