CAPI, cas clinique

Publié le mercredi 17 mars 2010, par Martine Lalande

Hier, j’ai vu une de mes patientes qui a du diabète, et aussi une insuffisance respiratoire liée à une bronchite chronique, et un nodule à la thyroïde, et une dépression qu’elle traite parfois avec l’alcool, ce qui lui fait faire des pancréatites, et des problèmes financiers et d’éducation de son fils qu’elle élève seule, et un frottis pas normal qu’elle n’a pas le temps de venir faire vérifier à mon cabinet (je la vois en visite). Je regarde ses bilans biologiques dans mon dossier, et je vois qu’elle a fait deux hemoglobines glyquées dans l’année, et elle n’a pas vraiment envie d’en faire une troisième, d’autant que ses glycémies contrôlées au doigt sont plutôt sans problème. Alors je me dis : dois-je insister ? et si j’avais signé un CAPI, insisterais-je différemment ? sans oser lui dire que je souhaiterais qu’elle ait cet examen (pas indispensable à mon avis pour elle) surtout pour améliorer mon score, dont dépendrait ma rémunération… ?

Et je me souviens quand j’étais médecin référent, là par contre je n’avais aucune honte de dire à mes patients que j’étais rémunérée un forfait de 45 euros par an pour le temps que je passais à tenir leur dossier, me former pour mieux prescrire, et prendre du temps pour m’occuper de leurs différents problèmes de santé et faire de la prévention… tout en leur expliquant que le paiement à l’acte n’était pas adapté à ma pratique et que je souhaiterais être payée en fonction du nombre de patients que je prenais en charge, pour décider de la façon dont je m’y prends, en prenant du temps si besoin, pour les aider à prendre en charge leur santé sans attendre qu’ils soient (plus encore) malades…

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