Le SMG ne se joindra pas à la grève des médecins du 13 octobre

Il appelle à se mobiliser contre le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024

Publié le jeudi 12 octobre 2023, par SMG

Aujourd’hui pas plus qu’en février nous ne nous joindrons à cette grève.
Nos motivations et nos revendications n’ont pas changé :

-  OUI, la médecine libérale va mal, les professionnel·les sont en souffrance,
-  OUI, l’accès aux soins recule, tant pour des enjeux géographiques que financiers,
-  OUI les contraintes professionnelles imposées via des appâts financiers (Ségur, ROSP, etc.) [1], amènent une lourdeur administrative forte et ne semblent d’ailleurs pas dans l’intérêt premier des patient.es,
-  OUI, les réponses gouvernementales, telles que les CPTS [2] dont les échelles ne sont pas cohérentes avec celles des parcours de soins, sont au pire délétères, au mieux insuffisantes. Elles plébiscitent des solutions de dérégulation, court-termistes et démagogiques sur l’accès aux soins (dispositif Service d’Accès aux Soins, télémédecine, etc. qui dénaturent le soin non-programmé).

MAIS nous ne partageons pas les revendications portées par ce mouvement, notamment :
-  L’augmentation du tarif des actes. Elle n’améliorera ni les conditions de travail des professionnel·les ni l’accueil des personnes malades. Cet argument, vu et revu depuis la mise en place du conventionnement dans les années soixante, a fait long feu. Statistiquement, les médecins font aujourd’hui partie des 10 % des Français·es les plus riches, cell·eux qui souhaitent employer un secrétariat, un·e assistant·e médical·e le font sans mettre en péril l’équilibre financier de leur entreprise personnelle.
-  La crainte de la délégation de tâches aux collègues infirmer·ères est agitée depuis toujours par les tenants d’une médecine libérale isolée. Et c’est cet isolement qui a, en partie, conduit au désastre que nous constatons aujourd’hui. Pourquoi refuser la voie de la coopération ? Bien sûr, il faut la réfléchir, mais des outils existent déjà, tout comme des expériences nationales et internationales [3], [4].
-  L’opposition entre médecine ambulatoire et hôpital, entre soins primaires et recours hospitaliers spécialisés est une aberration. Pour travailler correctement, les un·es ont besoin des autres et réciproquement. Si l’hôpital public n’était pas exsangue après des années de dégradations délibérées de la part des pouvoirs publics, dans le but de favoriser sa privatisation, les médecins généralistes iraient mieux et auraient de meilleures conditions d’exercice.

Pour toutes ces raisons, et encore bien d’autres, nous n’appelons pas à la grève des médecins du 13 octobre. Porter ces revendications nous semble contre-productif.
Le modèle défendu est en panne. Ce sont de soi-disant remèdes. Savoir arrêter les traitements toxiques est une compétence médicale. Exerçons-là !

Oui le changement peut faire peur, mais le système de santé est dans le mur, c’est le moment de prendre un virage radical vers plus de solidarité, de coopération, de services publics, etc.
Des alternatives existent, des propositions de transformation [5], [6] sont portées par d’autres collectifs et n’attendent que d’être saisies par le plus grand nombre.

Soignant·es et soigné·es, nous sommes dans le même bateau, c’est la destruction des services publics et la privatisation de nos existences qui nous rendent malades [7].
Nous appelons à rejoindre les mobilisations de ce mois d’octobre du Tour de France pour la santé [8] contre le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024 qui promet un nouveau tour de vis, avec, entre autres, un ONDAM (Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie) très insuffisant, des attaques de plus en plus sévères sur les IJ (Indemnités journalières), avec un contrôle patronal renforcé ainsi que la persistance des menaces de doublement des franchises médicales et sur l’Aide Médicale d’état (AME).

Nous appelons à signer la pétition  : Pour que le budget de la Sécurité sociale réponde en 2024 aux besoins de la population [9].

Nous appelons à soutenir les actions de la journée de mobilisation appelée par l’intersyndicale interprofessionnelle ce vendredi 13 octobre [10] contre l’austérité, pour l’augmentation des salaires, des pensions et l’égalité femme-homme.

Défendre un système de protection sociale plus fort, plus juste, plus solidaire : c’est possible ! [11]. C’est une affaire de choix politiques ! Les soignant·es du quotidien, en tant que témoin·es des réalités sociales, ont ell·eux aussi un rôle à y jouer !

Mobilisons-nous, en tant qu’usager·ères de notre système de protection sociale et faisons grandir nos solidarités !

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