L’Association Nationale des Centres d’Interruption de Grossesse et de Contraception souhaite alerter des conséquences de la crise sanitaire du COVID sur la santé génésique des femmes et demande que des mesures efficaces soient prises urgemment par un allongement du délai légal de l’IVG.
Les mesures de confinement, bien qu’incontestablement indispensables pour la santé de la population générale, vont être un frein au diagnostic de grossesse et à l’accès aux soins pour les femmes surveillées par leur entourage parental ou conjugal.
Les réquisitions nécessaires au plan blanc impactent négativement les capacités d’accueil des professionnels de l’IVG dans les structures. Enfin, même si les conditions d’accès au diagnostic et à un professionnel de l’IVG sont réunies, les femmes porteuses du COVID, et a fortiori malades (hospitalisées et/ou en cours de réanimation), risquent de voir le terme de leur grossesse s’allonger et dépasser les 12 semaines.
Les femmes, qui jusqu’ici pouvaient recourir à un avortement dans les pays d’Europe dans lesquels les lois sont plus libérales, sont aujourd’hui contraintes de garder leur grossesse : les cliniques qui les accueillent habituellement ont fermé leurs portes aux femmes résidant en France pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous ces jours-ci et pour un nombre inconnu de semaines à ce jour. Seul un allongement d’au moins 14 jours pour recourir à une IVG, soit 14 semaines de grossesse, permettra de limiter un nombre important de femmes privées de ce droit à disposer de leur corps.
Le recours à l’IMG pour détresse maternelle d’ordre psycho social sera alors l’alternative que tous les professionnels de santé doivent connaître et appliquer pour les femmes qui le demandent, au-delà de ce que la loi relative à l’IVG permettra.
Nous professionnels de santé, attentifs à la liberté et à la santé des femmes, nous engageons à les accompagner dans cette démarche par une prise en charge de qualité, dans le respect de leur sécurité.
Contact presse : info@ancic.asso.fr
Le Bureau de l’ANCIC
Vous pouvez retrouver le CP sur le site internet de l’ANCIC
https://ancic.asso.fr/spip.php?article1116
Commentaire de Martine Lalande, membre du SMG
Je travaille dans un centre d’IVG qui fait 1300 ivg par an, principalement par aspiration sous AL (jusqu’au terme de 12 semaines de grossesse) et aussi médicamenteuses (en présentiel à l’hôpital le jour de la prise du misoprostol).
Face à la situation (confinement, risque d’infection par le coronavirus), nous avons un peu adapté notre pratique : nous faisons les IVG médicamenteuses à domicile (un seul passage à l’hôpital pour la consultation, le groupe, faire l’admission et donner les médicaments) et la deuxième étape se fait à la maison, avec contact par téléphone avec le centre, et nous faisons les IVG par aspiration sous anesthésie locale le même jour que la consultation si la dame a une carte de groupe, sinon le lendemain en tous cas très vite si la dame est bien décidée.
À Paris, il y a une cellule d’orientation pour les demandes d’iVG 01 58 14 47 53 qui pour le moment constate que les CIVG fonctionnent et ne sont pas débordés, donc il ne nous semble pas nécessaire de demander dès maintenant un allongement du délai légal de l’IVG qui nécessitera une formation des équipes afin que ce soit bien fait. En effet, les équipes qui font des IVG sous AL vont devoir adapter leurs techniques (pour être capables de les faire dans de bonnes conditions jusqu’à 20 semaines comme aux Pays-bas) et il faut éviter que ces IVG au-delà de 12 semaines de grossesses soient faites par médicaments, car c’est à la fois douloureux et traumatisant et pas toujours efficace.
Les gynécologues obstétriciens qui ont conseillé de différer les IVG quitte à demander des dérogations pour les faire plus tard choisissent une mauvaise stratégie. Pour nous, l’IVG reste une urgence et doit être réalisée à la suite de la demande de la femme.
Martine Lalande MG et IVGiste à Colombes