On ne peut plus se promener bras dessus bras dessous au petit matin dans les rues de Paris sans risquer de se faire casser la figure – surtout la figure – juste parce que l’on est homosexuel.
On ne peut pas se promener à Paris en journée sans croiser des manifs anti-droits-des-autres au nom d’on ne sait quelle doctrine religieuse puritaine familiale extrémiste fascisante, en tous cas excluante.
On ne peut pas se rendre compte qu’on aime quelqu’un du même sexe et pouvoir tranquillement le ou la présenter à sa famille ou ses amis sans risquer de se faire faire la morale ou tourner les regards ou le dos.
On ne peut pas faire reconnaître qu’on s’est trompé de sexe à la naissance et qu’on a le droit à une autre identité sans devoir passer devant des médecins, des psychiatres et des juges.
On ne peut pas vouloir laisser son conjoint ou ses enfants en sécurité quand on ne sera plus là, sous prétexte qu’ils ne sont pas du bon sexe, ou pas issus d’une union reconnue par la loi comme « normale ».
On ne peut pas avoir de projet d’enfant avec celui ou celle qu’on aime si l’on n’a pas trouvé un donneur par Internet et le moyen de se féconder soi-même.
Quel est ce pays, si proche d’autres pays où tout cela est possible, et normal ?
Comment s’étonner que les adolescents soient en meilleure santé physique et mentale aux Pays-Bas qu’en France ?
Comment ne pas être en colère quand on sait que des jeunes gens se suicident en France à cause de leurs choix sexuels que personne ne veut reconnaître ?
Que d’autres prennent des risques de maladies graves ou mortelles pour affirmer leur identité ?
Que l’on tarde à découvrir des infections chez des jeunes qui n’ont pu parler à personne de leurs prises de risques ?
Que l’on peut avoir besoin de chirurgie réparatrice pour avoir été battu parce qu’on a un mode de vie qui ne plaît pas à d’autres ?
Le racisme, le fascisme et l’homophobie sont les branches du même arbre qui pousse en ce moment en France et germe dans les rues sous les pas de manifestants à la vue courte et malsaine. De ceux qui imposent une vision du monde et un mode de vie à leurs enfants qui les condamne à être un jour des victimes s’ils ne s’y reconnaissent pas.
On ne peut supporter l’insupportable. Le fascisme est derrière nous, il n’est pas question de le laisser revenir sous ce couvert de bienpensée conservatrice qui engendre la haine, l’intolérance et la violence.
Nous, soignants, nous ne pouvons rester indifférents au racisme et à l’homophobie, nous avons le devoir d’être vigilants et de ne pas tolérer l’intolérance.
Nous, citoyens, nous avons le devoir d’être solidaires de ceux qui au prétexte d’une différence d’origine ou de choix de vie, deviennent les victimes de la discrimination et de la haine.
La situation est grave, la démocratie dépend de notre capacité de vigilance, d’alerte, de solidarité et de riposte collective.
Martine LALANDE
Voir le communiqué du SMG : http://www.smg-pratiques.info/L-homophobie-nuit-gravement-a-la.html
http://www.rue89.com/2013/04/08/wilfred-olivier-agresses-a-paris-voici-visage-lhomophobie-241278