Par Cécile Pinault
Les médecins généraliste sont appelés à faire grève ce vendredi. Ils revendiquent une plus grande reconnaissance de leur profession et un changement de cap politique.
Mieux vaut ne pas tomber malade aujourd’hui... vous risqueriez de trouver les portes de votre cabinet closes. Les médecins généralistes sont en grève ce vendredi 18 juin à l’appel de cinq syndicats. Le mouvement doit être suivi dans une dizaine de villes en France.
« L’objectif est de mettre la pression sur le gouvernement », indique Alexandre Husson, président du syndicat national des jeunes médecins généralistes. « Nous savons que fermer nos cabinets ne fera pas reculer le gouvernement, et nous ne souhaitons pas prendre en otage nos patients, mais il s’agit de médiatiser nos revendications » ajoute-il.
Et elles sont plutôt simples : « qu’on nous laisse faire notre métier », réclame Didier Ménard, vice président du syndicat de médecine généraliste. Et de rappeler qu’« il ne s’agit pas d’un mouvement pour obtenir de l’argent mais d’une reconnaissance du métier. Cette profession n’attire plus les jeunes et fait partir les anciens. Si on ne fait rien, il n’y aura presque plus de généralistes en 2020 ».
Sur les 3000 à 5000 départs à la retraite annuels, il n’y a que 400 installations de jeunes médecins généralistes. Et contrairement aux idées reçues, le problème ne concerne pas que les zones rurales. « Certaines années, pas un seul jeune généraliste ne s’installe à Paris », indique Alexandre Husson.
« Politique inutile »
Le problème, selon le président du syndicat, vient en partie de la sous-évaluation des tarifs. « Un économiste a calculé quel serait le prix d’une consultation si on transposait le tarif des années 70 à maintenant, en tenant compte de l’inflation : 50 euros ! Le pouvoir d’achat des médecins généraliste a donc été divisé par deux en 35 ans », s’exclame-t-il.
Si Nicolas Sarkozy a promis d’augmenter d’un euro le tarif de la consultation (passant de 22 à 23 euros début 2011), il ne s’agit pas d’une « revalorisation » pour le jeune praticien. « Cette hausse était prévue pour 2007. Elle ne couvre même pas l’inflation », déplore-t-il.
La solution ? « Repenser la rémunération des médecins généralistes, et la politique d’investissement sur les soins de proximité », précise Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes, MG France. Le spécialiste déplore que la majorité des fonds aille dans le financement du système hospitalier.
Autre ombre au tableau des généralistes : la toute puissance et le « harcèlement » de la Caisse nationale d’assurance maladie. Un pique-nique est d’ailleurs organisé ce midi devant la caisse de Montreuil. « L’administration nous méprise : contrôle, recherche des abus... L’Assurance maladie exerce une pression sur les généralistes comme une entreprise pourrait le faire pour augmenter la rentabilité et la productivité », assure Didier Ménard. Il ajoute : « nous manifestons pour dire à l’Assurance maladie d’arrêter cette politique inutile et nous demandons au pouvoir publics d’accorder leurs actes à leurs discours ».