L’histoire du collectif des médecins du travail de Bourg en Bresse s’inscrit en parallèle avec celle du durcissement du monde du travail ces 15 dernières années. Ce collectif s’est construit suite à des affaires d’atteinte à l’indépendance de certains d’entre nous et à partir de la dynamique suscitée par la recherche de sens et d’efficacité et par la nécessité absolue de construire des règles de métier inexistantes dans un contexte de dégradation en continu des conditions de travail. La question du témoignage et de l’alerte devenant une ardente nécessité comme levier d’action et cela ne s’est jamais démenti. Soulignons l’intérêt majeur de l’entretien régulier des salariés avec le médecin du travail qui nous permet de faire de tels diagnostics précis : nous priver de ce moyen serait nous couper d’une source extrêmement précieuse de construction d’intelligibilité des situations et du monde du travail. Cette catastrophe financière pleinement prévisible fait éclater la vérité sur toute la laideur et l’ignominie du système. « Comment peut-on penser que le monde va pouvoir continuer à tourner comme ça ? ». Le monde et le monde du travail sont malades de désespérance. Le monde et le monde du travail ont soif d’espérance.
L’abolition de la gestion patronale et le maintien de l’entretien clinique régulier des salariés avec le médecin du travail sont longuement développés dans ce texte.
Mais il est entendu que pour être efficace, l’action de la médecine du travail a incompressiblement besoin d’être mise en synergie avec celle des acteurs de l’Inspection du travail, de la CRAM (eux-mêmes désenclavés et légitimés dans leurs fonctions) ainsi qu’avec la démocratie sociale pleinement émancipée.