Ainsi c’est donc possible !
Mercredi 18 mai le Formindep était reçu à la Haute Autorité de Santé (HAS) par monsieur Etienne Caniard, membre du Collège de la HAS, président de la commission « Qualité de l’information médicale - diffusion », et Monsieur Henri Parent, Directeur Recherche et Innovation à la HAS.
Le Formindep avait interpellé en février dernier la HAS dans le contexte de la signature de la charte de la visite médicale entre le Leem et le CEPS (Leem : « les entreprises du médicament », actuelle dénomination de l’ancien SNIP : Syndicat national de l’industrie pharmaceutique. CEPS : Comité économique des produits de santé). Pour les professionnels de santé et les patients du Formindep, ainsi que pour l’ensemble du mouvement professionnel attaché à l’indépendance de la formation et de la décision, cette charte ne poursuit que deux objectifs :
- dans le contexte de la réforme de l’Assurance maladie, faire croire au public que les firmes s’engagent dans un processus vertueux de régulation ;
- dans le contexte des dérapages de plus en plus nombreux concernant l’information sur les médicaments (affaire du Vioxx®, du Cholstat® et autres...), permettre aux firmes de se refaire une virginité à peu de frais, en signant un document dont les pseudo-engagements sont soit non contraignants, soit invérifiables, soit les deux. (lire à ce sujet l’avis du Leem sur la charte).
Il est donc clair que cette charte n’est qu’un outil supplémentaire, élaboré avec l’accord des autorités, pour jeter davantage de poudre aux yeux à des médecins déjà bien aveuglés, et aux patients.
Il nous apparaissait donc important d’avoir l’avis de la nouvelle Haute Autorité de Santé sur cette question, institution qui n’a de cesse de proclamer depuis son installation son souci de transparence, d’indépendance et de rigueur, seules garantes effectivement de l’autorité de ses avis.
Lors de cette rencontre qui s’est déroulée dans un climat convivial, nous avons eu confirmation du projet de la HAS d’utiliser la « force de frappe » de la visite médicale de l’industrie pharmaceutique pour délivrer les recommandations médicales officielles de la HAS auprès des médecins.
Comment ne pas exprimer sa stupéfaction et sa déception devant un tel projet !
Durant cette rencontre, les membres de la HAS nous ont pourtant assuré à maintes reprises ne pas être naïfs et être bien conscients que la visite médicale des firmes n’était que publicité et marketing. S’il ne s’agit pas de naïveté, comment ne pas voir alors, derrière ce projet, autre chose que l’influence du lobby des firmes, la difficulté de la HAS à résister à ces pressions et le risque de renoncement à une indépendance pourtant proclamée ?
Ainsi, à peine installée, la HAS prendrait-elle le risque de se discréditer auprès des professionnels de santé les plus soucieux d’indépendance pour la qualité des soins dans l’intérêt des patients. A peine installée, la HAS, qui contribuerait ainsi à « blanchir » la publicité des firmes, prendrait-elle le risque d’être à l’origine de nouveaux dérapages sanitaires en matière de médicaments ?
Le Formindep, lors de cette rencontre, a remis à la HAS quelques éléments de documentation scientifique internationale, démontrant l’inanité et les risques d’un tel mélange des genres.
Le Formindep a également remis aux membres de la HAS l’hallucinant témoignage, rédigé pour la circonstance, de cet ancien visiteur médical décrivant la réalité de la visite médicale des firmes pharmaceutiques : dérives, mensonges, manipulations, corruption, etc.
Suite à cette rencontre le Formindep a rappelé dans un courrier à la HAS les risques majeurs qu’elle prendrait en développant une telle initiative.
Nous invitons chacun, soignants et patients, à prendre connaissance de ce témoignage sur la visite médicale, à le lire, à le méditer et à le diffuser. Puis, une fois lu, à se poser les questions suivantes :
- Médecins, êtes-vous prêts en conscience à recevoir votre information scientifique et médicale par ce canal ?
- Patients, acceptez vous que le médecin à qui vous allez confier votre santé, se forme par cet intermédiaire ?
Si vous répondez oui à ces questions, alors réjouissez-vous. Les autorités françaises de régulation et d’information sanitaires ont le projet de le faire.
En toute indépendance.