Si rien n’est fait la Case Santé, place Arnaud Bernard à Toulouse va fermer. Ce Centre de Santé Communautaire doit vivre. Il est à l’avant-garde de la réorganisation de l’offre de santé dans les quartiers populaires. On n’y délivre pas seulement des soins, on y fait de la santé communautaire pour et avec la population du quartier. C’est dans ce lieu que l’on conjugue le médical, le social, la prévention, l’éducation, portés par un projet de santé territorial fort.
Ce n’est pas au moment où la démonstration économique est faite, qui montre que nos structures de santé pluri-professionnelles diminuent les dépenses de santé que nous devons baisser les bras. Et pourtant il y aurait de quoi, tant les difficultés sont grandes pour pérenniser le financement de nos associations.
Tout le monde s’accorde pour dire que le paiement à l’acte de soin, ne permet pas le financement de l’action de santé, certes plus mobilisatrice de ressources, mais indispensable pour répondre aux défis des maladies chroniques. La politique de santé menée dans les quartiers populaires est fourbe. Elle soutient nos structures comme la corde soutient le pendu !
En refusant d’inscrire notre travail dans le droit commun du financement du système de soins, elle nous cantonne dans l’expérimental, c’est-à-dire dans la précarité constante. Peu de personnes connaissent les contraintes auxquelles nous sommes soumis par les pouvoirs publics, nous obligeant à utiliser constamment les dispositifs d’insertion qu’ils inventent, et qui ne sont pas faits pour nous.
L’obligation de répondre à des appels d’offres pour mener nos actions complique sans cesse notre travail, car ces appels d’offres, conçus dans les bureaux des technocrates, ne correspondent que très rarement à la réalité. Nous obtenons de petites subventions pour aider les personnes vulnérables à sortir de la misère sociale et le même gouvernement, en complexifiant à l’extrême l’accès aux droits sociaux, fabrique chaque jour d’avantage de souffrance sociale.
Le travail de la Case Santé auprès des populations précaires du quartier Arnaud Bernard est exemplaire. La gestion quotidienne des actions menées nécessite de la compétence de haut niveau, faire beaucoup avec peu, de la ténacité. Il a fallu à ses responsables apprendre le langage administratif, produire sans cesse des évaluations, comme si l’utilisation faite des maigres subventions était, par nature, suspecte. Et pendant ce temps-là, les pouvoirs publics jettent l’argent par les fenêtres, comme nous l’avons montré dans l’affaire Lucentis®/Avastin®.
L’heure de vérité a sonné, il faut sauver la Case Santé de Toulouse. Faire la quête de solidarité est indispensable pour ne pas sombrer avant le mois de novembre, mais c’est une défense politique qu’il faut mener, et dire au gouvernement, qui se gargarise de mots contre les inégalités de santé, que la crédibilité de son action passe par le financement pérenne de la Case Santé et de toutes les structures identiques qui naissent aujourd’hui en France. Il est de son devoir de fournir à la Case Santé les moyens de son action.