La revue Pratiques publie sur son site la réponse (sic) de Marisol Touraine à son article du 19 juillet, relatif à l’Eylea®, le nouvel avatar du Lucentis® commercialisé par Bayer [1].
Rappelons, à ce propos, que le SMG avait évoqué, dans sa lettre ouverte à la Ministre de la santé [2], l’importance de l’enjeu d’une réduction du coût abusif du Lucentis® devenu, avec ses 389 millions d’€ en 2012, le médicament le plus fortement remboursé par l’Assurance maladie. Ladite Assurance en était bien consciente d’ailleurs qui, dans son rapport consacré à la maîtrise des dépenses de santé, tablait sur l’arrivée d’un concurrent au Lucentis®, pour en voir baisser substantiellement le prix.
La revue Pratiques s’était fait l’écho de ce rapport [3], tout en mettant en garde contre cet espoir, jugé chimérique, en raison des accords entre groupes pharmaceutiques prétendument rivaux : les royalties versées sur ses ventes par Bayer – fabricant de l’Eylea® –à Novartis – fabricant du Lucentis® – n’étaient certainement pas pour lui donner tort.
Eh bien, les multiples interpellations sur ce dossier, tant du SMG que de la revue Pratiques, ne seront finalement pas restées sans réponse : la Ministre vient d’y déférer… à sa manière : le 30 octobre, le JO entérine, en effet, l’AMM accordée à l’Eylea®, au prix de… 810.12 € la dose, soit sensiblement le même que celui du Lucentis® et 20 fois celui de l’Avastin® reconditionné ! [4]
Ainsi, loin de favoriser la substitution du Lucentis® par l’Avastin® et malgré toutes les opportunités offertes soit par la loi de financement de la Sécurité sociale, soit par la procédure antitrust lancée par l’Italie, soit par le dernier arrêt en date de la Cour de justice de l’UNE donnant tort à Novartis, c’est la solution en trompe l’œil, entérinant le pillage de l’Assurance maladie par les grands groupes pharmaceutiques, dont nous fait part la Ministre, en vertu de la décision prise sous son seing et publiée au JO. Dont acte.
Les Français, à qui l’on demande aujourd’hui avec insistance de se serrer la ceinture, apprécierons comme il se doit le cadeau royal ainsi fait à des multinationales tellement soucieuses de leur santé, comme le conclut Pratiques.