Arrêts de travail : halte à l’amalgame !
Depuis quelques jours nous entendons sur les ondes radio, l’information qui annonce le déficit record de 21 milliards de la Sécurité sociale et, en même temps, que le gouvernement va renforcer le contrôle des arrêts maladie. Cette désinformation scandaleuse attribue le déficit de la sécurité sociale à l’augmentation du nombre des arrêts maladie, qui seraient abusifs et non justifiés.
Or, toutes les études montrent que les dépenses maladie ont été maîtrisées pour l’année 2008 (1). Le gouvernement cherche à culpabiliser les malades et les médecins dans le but de continuer sa politique de destruction de notre Assurance Maladie. Et nos médias, sans investigation, répètent le discours officiel et s’abstiennent de reconnaître que la politique économique a fait faillite et que c’est la baisse des cotisations liée à l’augmentation du chômage qui agrandit le déficit, mais aussi la dette de l’Etat envers la Sécurité Sociale, l’exonération pour les entreprises des cotisations sociales...
Une fois de plus, le gouvernement préfère taper sur les plus faibles, les plus fragiles, pour faire passer son message vénéneux qui est de créer la suspicion envers tous ceux qui bénéficient d’une prestation sociale, notamment les personnes malades à qui les médecins donnent un arrêt maladie. Le gouvernement n’a de cesse de renforcer les contrôles, il donne le droit à des médecins payés par les employeurs de contester, à la place des médecins conseils de l’Assurance maladie, le bien fondé d’un arrêt maladie et de mettre les salariés dans des situations de danger (social et médical). Bientôt, nous autres médecins devrons demander l’autorisation à l’employeur de donner un arrêt maladie à ses salariés. Et pendant ce temps, l’assurance maladie gaspille des dizaines de millions pour réaliser le dossier médical personnel, ou le management téléphonique des malades diabétiques.
Halte à l’amalgame indécent et mensonger !
Nous, médecins confrontés à la souffrance, exigeons un véritable dialogue sur la nature et le rôle de l’arrêt de travail, qui est pour nous un choix thérapeutique dans la prise en charge de la maladie.
Patrick Dubreil : Président
Didier Ménard : Vice-président
(1) Lire le rapport de la commission des comptes de la Sécurité Sociale
http://www.securite-sociale.fr/chiffres/ccss/notesconj/conj200905.pdf