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Après le Médiator®, les pilules contraceptives… Halte aux conflits d’intérêt, les scandales doivent cesser !

Publié le lundi 25 février 2013

Depuis 1990, les lecteurs de la revue Prescrire et les médecins qui se forment de façon indépendante savent que les pilules dites « de troisième ou quatrième génération » font courir aux femmes un surcroît de risque pour une efficacité équivalente.
Depuis novembre 2012, la HAS (Haute Autorité de Santé) recommande de ne prescrire ces pilules qu’en deuxième intention.
Et pourtant ….elles représentent plus de la moitié des pilules vendues.

Le scandale vient de l’influence permanente des firmes pharmaceutiques auprès des prescripteurs (ici, les gynécologues, principalement, mais aussi les généralistes et les centres de planification) et de l’indigence de ceux-ci à se libérer de cette influence :
-  Les firmes ont utilisé leurs moyens habituels d’influence. Des effets bénéfiques non prouvés de ces « nouvelles pilules » sur d’autres problèmes : acné, pilosité, jambes lourdes…sont devenus les principaux arguments de vente et de prescription.
-  Dans le même temps la nouvelle réglementation réduit la formation continue indépendante des médecins de façon dramatique.

Le scandale vient de l’influence des firmes sur les Agences du médicament et de l’indigence de celles-ci en matière de contrôle des médicaments et de pharmacovigilance :
-  On a vu avec l’affaire du Médiator® que les agences censées contrôler la mise sur le marché des médicaments étaient corrompues par des conflits d’intérêts qui mettent en cause leur efficacité et leur crédibilité.
-  La pharmacovigilance est dramatiquement sous-développée en France et les patients n’ont pas été informés qu’ils peuvent dorénavant y faire des signalements.

Le scandale vient de l’influence des firmes sur les pouvoirs publics au niveau national et européen et du refus de ceux-ci de prendre les mesures légales nécessaires pour garantir l’indépendance du circuit du médicament :
-  Suite au scandale du Médiator®, une loi dite de « sécurité du médicament » vient d’être élaborée en France, mais le projet de décret « Sunshine act » (1) a été modifié sous l’influence des firmes : sa version actuelle ne permettrait pas de connaître réellement les liens d’intérêt entre les firmes et les prescripteurs ou les associations de patients.
-  Un règlement européen sur les essais cliniques est en cours d’élaboration : s’il était adopté en l’état, les participants aux essais seraient moins bien protégés et la transparence des essais cliniques ne serait toujours pas garantie. (2)

Pour que les scandales cessent de se succéder, il faut mettre en place :
-  l’indépendance de la formation initiale et continue des médecins,
-  la suppression des conflits d’intérêt dans les agences contrôlant les médicaments et autres produits de santé et émettant les recommandations avec, en particulier, la création d’un corps d’experts indépendants,
-  le développement de la pharmacovigilance avec des campagnes d’information pour le public et des rappels d’obligation de déclaration pour les prescripteurs,
-  une recherche publique sur les médicaments.

Il n’est pas tolérable de risquer la vie des patients aux bénéfices de l’industrie pharmaceutique.

1) Site Formindep :
http://www.formindep.org/Bon-appetit-messieurs.html

2) Communiqués de presse Collectif Europe et médicalents :
http://www.prescrire.org/Fr/1/194/48278/2509/2508/SubReportDetails.aspx


Contacts :
-  Martine Lalande 06 03 36 66 17
-  Marie Kayser 06 86 55 80 02
Les auteurs ne déclarent aucun lien d’intérêt avec des entreprises produisants ou commercialisant des produits de santé.